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urbanisation et agressivité des oiseaux

Le 17 février 2014
urbanisation et agressité des oiseaux
modification du comportement des oiseaux infestant les milieux urbains. On constate en France ce changement avec les mouettes et les goélands. Plusieurs de ces oiseaux attaqueraient les gens.

Urbanisation et agressivité des oiseaux : les Milans noirs japonais

Les milieux urbains favoriseraient les oiseaux les plus audacieux, voire les plus agressifs.

 

Panneau avertisant les passants du danger que peuvent représenter certains Milans noirs (Milvus migrans) dans la ville de Kamakura (Japon).
Source : Shizuokagourmet.com

 L'urbanisation se développe partout dans le monde, et elle est à l'origine du déclin de nombreuses espèces d'oiseaux. D'autres par contre ont réussi à s'adapter et fréquentent de plus en plus les villes pour y passer l'hiver, comme les Etourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris), qui y forment d'immenses dortoirs (lire La magie des vols d'étourneaux en partie révélée), ou pour nicher comme l'Épervier d'Europe (Accipiter nisus) (lire Une nidification de l'Epervier d'Europe à Montmartre) ou le Faucon pèlerin (Falco peregrinus).

Les populations aviaires urbaines présentent plusieurs différences avec celles vivant dans les zones plus naturelles : elles sont davantage sédentaires (c’est le cas de différents oiseaux aquatiques et passereaux) grâce à un microclimat plus favorable, leur période de nidification est plus longue (elle a parfois lieu en plein hiver), elles peuvent avoir plusieurs nichées (deux ou trois chez les Merles noirs des villes, contre une à deux dans les forêts), leur activité quotidienne est plus longue grâce à l'éclairage (certains passereaux chantent plus tôt et plus tard), leur longévité est augmentée grâce à un meilleur taux de survie hivernal (et ce malgré certains dangers spécifiques comme les collisions avec les voitures ou les vitres), leur comportement alimentaire est particulier, leur densité est plus forte et donc les agressions entre individus plus fréquentes, et leur familiarité envers l'Homme est souvent plus grande.

Le bruit (lire Les dix espèces d'oiseaux les plus sensibles au bruit en Espagne), la lumière (lire La pollution lumineuse et les oiseaux), la présence humaine et la circulation automobile sont quelques-unes des sources de stress dans les villes, et certaines espèces sont toutefois plus tolérantes que d'autres (même s'il existe des variations individuelles). La vie citadine est donc très exigeante et a tendance à exercer une pression sélective qui favorise certaines caractéristiques comme la couleur (lire Les Pigeons bisets sombres sont plus nombreux dans les centres-villes) ou les comportements audacieux, voire agressifs : ces deux traits de caractère semblent ainsi se répandre de génération en génération parmi les oiseaux urbains.



Cassican flûteur (Gymnorhina tibicen).
Photographie : Bidgee / Wikimedia comonsDans plusieurs villes australiennes, des Cassicans flûteurs (Gymnorhina tibicen) n'hésitent ainsi pas à foncer sur les passants s'approchant trop près de l'arbre où ils ont construit leur nid, alors que ces oiseaux sont indifférents aux humains dans les zones rurales. En Amérique du Nord, on observe même des Bruants chanteurs (Melospiza melodia) qui tentent de chasser les humains de leur territoire !

Dans la baie de Sagami, dans la région de Kanto au Japon, des biologistes ont essayé de comprendre le rôle de l'urbanisation dans les attaques croissantes d'un certain nombre de Milans noirs (Milvus migrans) sur les humains qui transportent de la nourriture. Ces agressions sont devenues si fréquentes dans plusieurs villes côtières comme Kamakura et Fujisawa que les autorités y ont installé des panneaux d'avertissement. Les offices du tourisme et les cliniques évoquent des blessures fréquentes parmi les promeneurs.

Les chercheurs ont essayé de comprendre si l'agressivité de ces rapaces était liée au manque d'habitat disponible et/ou au nombre de personnes traversant leur territoire : il serait en effet logique de penser qu'une diminution de la surface d’habitat disponible puisse accroître leur "intolérance" et la compétition pour la nourriture. D'autre part, la présence des humains est perturbante pour la plupart des animaux, provoquant le départ des plus timides et favorisant les plus tolérants : elle devrait donc favoriser les oiseaux opportunistes qui n'hésitent pas voler des aliments aux humains. Pour vérifier ces hypothèses, les biologistes ont étudié les Milans noirs à Enoshima, Fujisawa, Kamakura Beach, Kamakura, Zushi Beach, Zushi, Oiso Beach, Oiso, Iwa Beach et Manazuru, et ils ont constaté que les attaques augmentaient au printemps (durant la saison de nidification) et quand la surface de bois et de rizières par oiseau diminuait.

Si l'urbanisation est bien à l'origine de ce changement de comportement, il serait utile que les urbanistes prennent en compte cette réalité dans leurs projets et protègent au maximum les espaces naturels dans les villes.